L’exploit reste à ce jour le dernier en date pour un joueur de tennis français. Le 5 juin 1983, Yannick Noah remporte le tournoi masculin de Roland-Garros en battant Mats Wilander (6-2, 7-5, 7-6 [3]). Un jour qui a marqué à jamais les amoureux de la petite balle jaune. Mais pour le principal concerné, ce but atteint et ce qu’il a déclenché immédiatement après, a provoqué une réaction à l’opposé de l’euphorie générale.
Yannick Noah s’en est ouvert à l’occasion d’un témoignage diffusé mardi soir sur M6, dans le cadre de l’émission « Santé mentale, briser le tabou ». L’ancien capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis a avoué avoir pensé au suicide dès le lendemain. « Je m’appelle Yannick Noah et j’ai survécu à une profonde dépression et ça a été compliqué parce que j’étais un peu seul. J’avais 23 ans, j’étais en pleine forme. Ma priorité depuis que j’avais 12 ans c’était de gagner ce tournoi à Paris. »
Un objectif atteint ce fameux jour de juin 1983, avec un tourbillon d’émotions à la clef. « Tous les gens que j’aimais étaient là. Mon père saute sur le court. C’était parfait. Et le lendemain, j’étais perdu. » Passé du nirvana à un brutal retour à la réalité, Yannick Noah a alors brutalement sombré. « Je ne savais pas ce qui se passait. Tous les gens autour de moi pensaient que j’étais en train de vivre ma meilleure vie mais… J’avais envie de m’envoyer en l’air. »
Pensées noires au lendemain du sacre à Roland-Garros
Une lourde révélation pour le champion qui a tenté de mettre davantage de mots sur ce qu’il avait ressenti à ce moment-là. « J’avais envie de partir. Parce qu’une fois là-haut, on ne m’a pas donné le mode d’emploi. Cette période-là, le sentiment était très précis. Je marchais seul dans la rue dans la nuit à Paris. J’attendais qu’il n’y ait personne. Je regardais la Seine et je me disais : ‘Je me jette. Je n’en peux plus’. »
Yannick Noah est parvenu à reprendre le dessus et a poursuivi sa carrière. Malgré plusieurs quarts de finale à Roland-Garros et à l’US Open, il ne passera plus jamais ce cap en Grand Chelem à l’exception notoire d’une demi-finale à l’Open d’Australie 1990. Il attendra la troisième place à l’ATP le 7 juillet 1986, le meilleur classement de sa carrière. Là encore une performance qu’aucun joueur de tennis français n’a atteinte à ce jour.