Yohan, vous n’avez plus grand-chose d’autre à jouer que la Coupe
de France. On imagine que vous êtes concentré dessus depuis
plusieurs matches, n’est-ce pas quelque part un mal pour un
bien ?
C’est clair que c’est un match particulier, on est quand même en
quarts de finale. Au-delà de ça, c’est une belle affiche. Tout un
stade sera plein, c’est bien et ce sera une bonne rencontre à
jouer, en tout cas on l’espère. On va faire en sorte d’être les
meilleurs possibles.
C’est quand même une belle carotte, qui vous permet en plus
d’affronter une équipe de Ligue 1. La fin de saison n’aurait-elle
pas été un peu terne sans cet objectif ?
Il y a un coup à jouer, et on va essayer. On sait que ça va être
compliqué, mais on va tenter d’être présents au mieux en dépit du
nombre d’absents.
Ce match n’est pas une finalité, vous avez vraiment l’ambition
de passer et de poursuivre l’aventure…
C’est sûr, on va jouer le coup à fond. Tout est jouable sur un
match, et on a aussi la chance de pouvoir évoluer à Bollaert. C’est
super pour le club et pour la région, le stade sera à guichets
fermés et c’est bien pour tout le monde. Mais c’est évident qu’on
ne veut pas s’arrêter là, on veut passer.
Il y a eu aussi cette mini-polémique par rapport à l’horaire, le
match ne sera pas diffusé à la télé car le Racing a réussi à le
décaler de 17h à 19h. Qu’est-ce que ça change pour vous, si ce
n’est du positif avec l’assurance d’attirer plus de
public ?
J’aurais trouvé ça assez bête que ça se joue à 17h, sachant que ça
prive beaucoup de monde. A 17h un samedi après-midi, je veux bien…
Mais le mercredi, c’est clair que le stade aurait été à moitié
vide. C’est bien mieux pour tout le monde d’avoir pu reculer le
match de quelques heures, pour tous ceux qui aiment le
football.
C’est également une belle récompense pour le public, d’avoir
réussi à décaler l’horaire mais aussi d’affronter Bordeaux à
domicile.
C’est aussi une fête, on veut que le public et tous ceux qui aiment
le Racing y participent. Si on le met à 17h, ça prive tout ce
monde-là… Donc on est contents que nos dirigeants aient pu
repousser à 17h, tout le monde peut participer.
Avec beaucoup plus de recul, qu’est-ce qui a changé dans l’état
d’esprit des joueurs cette saison, suite au changement
d’entraîneur, de Jean-Louis Garcia à Eric Sikora ?
Le coach a redonné beaucoup de confiance au groupe et a remanié les
troupes, avec aussi un changement de coaching et une nouvelle
approche des entraînements, des matches… C’est tout un ensemble qui
a abouti sur un gros redressement à tous les niveaux. Beaucoup de
joueurs n’y arrivaient pas avec Garcia, et avec l’apport de
« Siko », la confiance qu’il a apportée aux jeunes et au
groupe, certains ont ressorti le bout du nez. Ça fait que le groupe
était bien meilleur techniquement, et surtout plus élargi. Il a
fait monter des jeunes qui nous ont apportés à chaque fois, donc
c’est super intéressant. En assemblant tout ça, ce n’est pas mal
(sourire).
Y a-t-il des reproches à faire à Garcia, pour avoir un peu
dilapidé le début d’exercice ?
Non, je n’en ferai aucun. C’est aussi un bon entraîneur, il y a eu
des choses sur lesquelles je ne vais pas revenir. Ça fait sept mois
qu’il n’est plus là, c’est un peu tard pour parler de lui… J’avais
de bonnes relations avec lui, j’espère surtout qu’il retrouvera un
bon club avec son staff. Il a également fait du bon boulot. Il y a
certainement des périodes compliquées, mais c’est autre chose…
Vous étiez proche de la montée, mais le Racing a semble-t-il
manqué un tournant. La perte de David Pollet, qui n’a pas été
remplacé lors du marché hivernal, en est-elle la cause ?
Il n’y a pas eu que ça. Au niveau de la quantité, beaucoup de
joueurs sont partis: Hamdi Kasraoui, Firas Mouzrabi, Ali
Mathlouthi, Pollet… Pour ce dernier, c’est quand même un attaquant…
On était à cinq points du podium au moment du marché des
transferts, et il n’a pas été remplacé, ne serait-ce que
numériquement. Après, quand on tire sur la corde pour des joueurs
comme « Yo » Touzghar qui se bat comme un lion à tous les
matches, ça devient compliqué physiquement à un moment donné. Il ne
faut pas l’oublier non plus, même s’il y a de bons jeunes autour.
Quand on veut jouer la montée, il faut quand même un groupe un peu
plus élargi.
« Si Gillot était resté… »
Mais Lens jouait-il la montée ?
Au début de saison, on se dit qu’on est le Racing et que c’est
l’objectif. Mais après, au vu du très, très peu de points pris, on
pense plutôt à redresser le club et l’équipe. « Siko »
est arrivé, on a fait une belle remontée mais ça n’a pas suffi pour
la Ligue 1. Avec trois ou quatre renforts cet hiver, ça aurait pu
être intéressant.
En voulez-vous aux dirigeants là-dessus, même si le mot est un
peu fort ?
Comment leur en vouloir ? S’il n’y a pas les fonds, que
voulez-vous faire ? On se bat comme on peut, tous les joueurs
bossent à l’entraînement avec le coach. On est une équipe, on
essaie de faire du mieux possible et voilà, on n’y peut rien… C’est
comme partout: à l’usine, tu ne demandes pas à ton patron de
ramener trois ouvriers de plus. S’il ne peut pas payer, il ne peut
pas payer ! Là, c’est pareil. Mais il n’y a pas de souci, on
est déjà contents de jouer au Racing et on se bat pour ce
maillot.
Cette confrontation face aux Girondins est aussi l’occasion pour
vous de retrouver Francis Gillot, même si vous l’aviez déjà
affronté avec Lens lorsqu’il était parti à Sochaux. On imagine que
ça fait quelque chose, quels souvenirs gardez-vous de
lui ?
De très bons. Il a eu son parcours, il a fait du bon boulot à
Sochaux et il en fait encore à Bordeaux. Le club était en
difficulté et il l’a remis sur pied, comme il avait remis le Racing
sur le bon chemin à l’époque. C’est un très, très bon technicien,
je lui souhaite de continuer comme ça. Mais mercredi, il sera
adversaire, il ne sera plus entraîneur de Lens (rires) !
On imagine que ça vous fera quelque chose de le retrouver…
C’est toujours bien de revoir des gens pour qui on a de la
sympathie, avec qui on a travaillé. Je suis très heureux de pouvoir
le croiser à nouveau, et j’espère que ça va aller pour nous.
On a l’impression qu’il manque un peu au Racing, une théorie à
la mode ces derniers jours à l’approche du match. Vous pouvez en
parler en connaissance de cause, car vous êtes un cadre du club
depuis pas mal d’années désormais. N’y a-t-il pas eu une histoire
d’amour manquée entre lui et les Sang et or ?
Il y a certainement des choses qui l’ont poussé à partir, c’est sûr
que ça m’avait un peu choqué. J’étais déçu qu’il quitte le club,
mais je ne connais pas les raisons. Il avait repris l’équipe et on
avait fait un bon parcours, on avait gagné l’Intertoto et on
s’était qualifiés pour l’Europe. Nous avions fait de bonnes choses,
même en championnat. C’est trop tard, mais s’il était resté… On ne
sait pas, mais il n’y aurait peut-être pas eu tout ce qu’il s’est
passé derrière. Il y aurait eu plus de chances que ça se passe
mieux que tout ce qui est arrivé. Mais voilà, c’est comme ça…
Du temps a passé depuis vos débuts à Beauvais, vous êtes plus
près de la fin que du début. Que peut-on vous souhaiter pour la
suite ? Une prolongation de contrat, une
demi-finale ?
A mon âge, comme vous dites, il vaut mieux prendre match par match
et ne pas se projeter trop loin (rires) ! Si on peut se
qualifier mercredi, je serai déjà très heureux. Et après, on verra
(sourire).
Lens-PSG en demies à Bollaert ?
J’aimerais bien Lens-Barça aussi, mais ce n’est pas possible
(rires) ! Il y a Lens-Bordeaux avant tout, on est très
heureux de recevoir cette équipe à Bollaert et c’est déjà une
récompense. Après, si on a le bonheur de passer, que ce soit Paris
ou je ne sais qui, pas de souci. On sera déjà heureux d’être encore
en demi-finales.
Et pour votre avenir personnel, puisque votre contrat prend fin
cette saison ?
On est en discussion pour le moment, donc je ne peux pas trop vous
dire. Mais ça devrait être intéressant… Peut-être une petite année,
on va voir.