Ils sont encore six à pouvoir gagner Roland-Garros. Parmi eux, cinq sont à leur place: Jannik Sinner, Carlos Alcaraz, Alexander Zverev, Novak Djokovic et Lorenzo Musetti, dans l’ordre du classement ATP. Et il y a donc l’invité surprise, le truculent Alexander Bublik.
Le Kazakh, 62e joueur mondial avant le tournoi, est un joueur à part. Un type pétri de talent, qui a dit un jour qu’il jouait uniquement pour l’argent, et qui a prouvé le contraire depuis. Il est en larmes il y a deux jours, après sa victoire contre Jack Draper en huitièmes, le plus beau jour de sa carrière. Car le voilà en quarts de finale de Grand Chelem pour la première fois de sa carrière.
Ce danger Bublik a pointé au 17e rang mondial l’an passé avant de chuter à la 82e place, en mars, après Indian Wells. Il s’est alors offert une virée à Las Vegas pour se retrouver, sans dévoiler précisément ses activités dans la fameuses cité du Nevada. Et le voilà apaisé, enfin régulier sur le court, ce qui a toujours été son défaut.
Bublik, avec son style bien à lui, peut-il embêter Sinner ?
En quarts de finale, le solide Jack Draper (n°5 mondial) n’a jamais pu trouver la clé, incapable de caler son rythme contre un joueur qui peut autant varier le jeu, alterner les missiles et les amorties, les coups de génie comme les ratés parfois grossiers. C’est la voie Bublik, un style déroutant mais assumé.
Le Kazakh a tout résumé lors de sa conférence de presse, il y a quelques jours. « Pour que je gagne contre les meilleurs des meilleurs, il faut que je les batte dans le jeu, parce qu’ils vont plus travailler que moi, plus courir que moi. Je ne suis capable de jouer 5 heures et demi contre un joueur comme Jack. Il faut que je trouve une solution dans les autres aspects du jeu. »
Après avoir renversé le tank Draper, Bublik peut faire dérailler le TGV Jannik Sinner. Le n°1 mondial a été effrayant de domination contre Jiri Lehecka (34e) et Andrey Rublev (15e) lors des tours précédents. Le Tchèque et le Russe avaient sans doute un jeu trop académique pour perturber le nouveau patron du circuit. Sinner n’a toujours pas perdu un set en quatre matches, et le seul qui a marqué plus de quatre jeux en un set est Arthur Rinderknech, qui avait mis un peu de folie sur le court.
Pour sûr, Bublik est capable d’en faire de même. Il va essayer, en tout cas. Croiser sa route ne doit pas réjouir Sinner. Le Kazakh peut-il l’embêter ? Sans doute. Le battre ? C’est une autre histoire. Cela doit valoir une belle cote à Las Vegas, en tout cas…
