Loïs Boisson, pourvu qu’on ait l’ivresse

Loïs Boisson
Qualifiée pour les quarts de finale de Roland-Garros, alors qu'elle n'avait joué à ce niveau, Loïs Boisson est l'immense surprise du tournoi. Pourtant, la joueuse de 22 ans, peu expansive, est loin de s'enflammer...

Ne comptez pas sur elle pour s’écrouler sur la terre battue, ou pour fondre en larmes devant les caméras. Loïs Boisson n’est pas du genre à afficher une joie très démonstrative. Alors qu’elle réalise pourtant l’un des exploits les plus inattendus de l’histoire du tennis français.

La Française de 22 ans n’avait gagné qu’un seul match sur le circuit féminin principal. Et la voilà donc en quarts de finale de Roland-Garros, après quatre succès de rang, dont une victoire ce lundi face à la n°3 mondiale Jessica Pegula.

« Je ne sais pas quoi dire », a répondu Loïs Boisson au micro du court, en semblant presque gênée. Après deux questions, Alizé Cornet a pensé qu’il fallait libérer assez vite la Française, plus à l’aise pour frapper des coups droits que pour s’exprimer au micro. Mais c’était une fausse impression. « Je peux rester là longtemps », a répondu la Dijonnaise, qui reviendra sur le Central dans deux jours.

Avec son ton assez monocorde, Loïs Boisson ne montre pas énormément d’émotion quand elle s’exprime. Et pourtant, elle dit des choses. Notamment qu’elle adore la terre battue, la surface sur laquelle elle joue depuis toute petite, où son jeu prend toute sa dimension. « Dès que la saison sur terre est lancée, c’est là où je me sens heureuse. » Et, surtout, elle a confié à trois reprises qu’elle espérait gagner Roland-Garros, pourquoi pas dès cette année. Elle l’a dit au micro d’Alizé Cornet sur le court, puis en conférence de presse, d’abord en anglais puis en français.

En fait, cette joueuse est assez déroutante. Sur le court, elle prend le jeu à son compte, derrière son impressionnant coup droit. Elle sait aussi slicer en revers, placer des amorties. Tout la panoplie d’une bonne terrienne. Mais comment juger son potentiel ? Avant ce Roland-Garros, elle ne pouvait même pas s’étalonner contre des joueuses du Top 50, parce qu’elle ne les croisait pas en tournoi. A l’entraînement, à Paris, elle a senti qu’elle n’était pas plus en difficulté que cela. On a pu le voir en match, même face à la n°3 mondiale.

Loïs Boisson, un coup droit dévastateur

Alors après tout, il n’y a pas de raison de se fixer de limite. Elle dit ressentir de moins en moins de pression au fil des tours. Elle n’a pas beaucoup vacillé pour sa première sur l’impressionnant court Philippe-Chatrier. Et elle ne s’affole pas à l’idée de croiser la route de la petite prodige Mirra Andreeva, 6e mondiale, et au moins aussi redoutable que Jessica Pegula. « Elle varie plus, elle a un très bon revers, elle est solide des deux côtés, mais cela ne va pas changer mon plan de jeu », répond la Française.

On a déjà une idée de ce que cela veut dire. Car Jessica Pegula, très élégante dans la défaite, a livré un éclairage intéressant sur le jeu de Loïs Boisson. « Tout ce qu’elle veut, c’est frapper des coups droits, explique l’Américaine. Elle se déplace bien. Elle va vite, donc elle peut tourner autour de son revers pour jouer en coup droit. Sa frappe est lourde. Et elle peut revenir dans le point en utilisant l’amortie ou le slice. »

Si elle s’en voulait d’avoir laisser passer « un million d’opportunités », notamment en fin de match, Pegula admet aussi s’est retrouvée coincée dans la diagonale coup droit. « C’était peut-être mon problème, parce que ce n’était pas ce que j’avais prévu de faire, a-t-elle confié. Sa balle est très haute et très lourde, et ce n’est pas facile de changer de direction pour jouer sur son revers. » A Andreeva de trouver la clé de cette toute nouvelle énigme…

 

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À propos de l'auteur
François Tesson
Alias « Tess ». Le fuoriclasse de la rédac. Football, cyclisme, tennis, rugby, volley, chessboxing: quelle que soit la discipline, François vous trouve toujours des sujets en or. Jaune, de préférence. Plusieurs Grandes Boucles, Grands Chelems et grands ponts à son actif, sans aucun contrôle positif. Point faible: à deux doigts de percer sur Snapchat.
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