Dans quel état d’esprit abordez-vous cette Coupe du monde ?
Tout va très bien, j’ai marqué trois buts en 45 minutes (ndlr,
contre la Belgique lors du dernier match de préparation), et 11
buts lors de mes cinq derniers matches en bleu, donc ça va très
bien. Ça me fait 21 buts en 20 sélections, et en temps de jeu ça
correspond à huit matches seulement. En deux ans en équipe de
France, je ne pouvais pas rêver mieux.
Quelle est votre ambition dans cette compétition ?
On espère faire quelque chose de grand, créer la surprise parce que
dans notre poule toutes les équipes ont gagné quelque chose, on
sera donc outsider. Après, on a l’ambition d’aller le plus loin
possible et de chercher la Coupe. On n’y va pas pour visiter
l’Allemagne. Les 16 équipes veulent gagner, et même si on ne l’a
jamais fait, on va tout faire pour y arriver.
Pouvez-vous nous parler de vos adversaires du premier tour, le
Nigeria, le Canada et l’Allemagne ?
On va essayer de bien gérer les deux premiers matches, car on sait
qu’ils seront plus à notre portée que celui de l’Allemagne, afin de
ne pas arriver avec la peur de ne pas passer pour le dernier match
contre les Allemandes. Le Nigeria, on n’a pas encore vu les
cassettes, on verra ce que dit le coach. On sait que c’est une
équipe athlétique, combative, il faudra faire attention de ne pas
se blesser car ça va partir dans tous les sens. Après, le Canada
joue au foot, elles ont battu les Américaines donc ça va être une
grosse opposition. Et l’Allemagne, on ne la présente pas…
Comment vivez-vous le manque de reconnaissance du foot féminin
?
Ce n’est pas vraiment nouveau. Avec la Coupe du monde, il y a
quelques caméras pour nous, ça fait plaisir, c’est un petit peu de
reconnaissance. Mais on a des progrès à faire par rapport à nos
voisins allemands par exemple. On a environ 65 000 licenciés, ils
en ont un million et sont sur-médiatisés. C’est le sport numéro un
pour les filles.
Les résultats ne peuvent-ils pas modifier ça ?
Si, bien sûr. On ne parle pas du foot féminin, à chaque fois qu’on
dit qu’on fait du foot, tout le monde est surpris. On ne parle pas
de nous parce qu’on ne gagne pas de titre, donc c’est vraiment à
nous de montrer à travers nos résultats que le football féminin
existe, et qu’on soit ainsi mises en avant. Le bon parcours en
qualifications, en marquant beaucoup et en ne prenant pas de but,
nous a aidées. Il faudra continuer pendant la Coupe du monde, mais
c’est le plus difficile.
L’équipe de France aime le jeu offensif, est-ce une marque de
fabrique ?
On fait bien tourner le ballon, on sait jouer au foot avec de
bonnes phases de jeu et on marque beaucoup de buts. Ça doit être
agréable à regarder et les retours qu’on a des matches vont dans ce
sens. J’espère qu’on va continuer comme ça au Mondial et qu’on aura
des résultats grâce à ça.
Comment envisagez-vous ce rôle de buteuse ?
Quand j’ai débuté le foot, c’était avec des garçons. On m’avait mis
libero, mais je remontais tout le terrain pour aller marquer. Quand
j’ai commencé avec les filles, on m’a tout de suite replacé en
attaque parce que je marquais tout le temps. Et depuis, ça n’a pas
changé ! Mon rôle, c’est de marquer. Mon entraîneur en -19 ans me
disait toujours que mon rôle, c’était de marquer, que j’avais fait
un mauvais match si je n’avais pas marqué. Donc c’est mon objectif,
et mon ratio buts-matches a toujours été le même
qu’aujourd’hui.
Comment gérez-vous les périodes sans marquer ?
Justement, cette saison à Montpellier je n’ai pas énormément
marqué. Ça a été un petit peu difficile, avec un manque de
confiance. Mais parallèlement à ça, il y avait l’équipe de France
où je marquais beaucoup. Donc même s’il n’y avait pas beaucoup de
matches, c’était important pour la confiance.
Que ressentez-vous à l’idée de disputer votre première Coupe du
monde ?
J’ai hâte, j’y pense tout le temps. Il va y avoir des stades
pleins, ça va faire bizarre. Ça va nous lancer avec une super
ambiance, ça va être beau. On va tout faire pour que ça dure le
plus longtemps possible.